TARICHA GRANULOSA

(Article par Christophe Cagé)

1er Photo aimablement mise à disposition par Michael, du siteCaudatamedia

2ième photo par les Dr.Robert Thomas et Margaret Orr - California Academy of Sciences - Cliquez sur cette 2ième photo pour l'agrandir
 

Habitat Naturel

Taricha granulosa est un triton de la famille des salamandridés, qui vit sur la côte Ouest des États-Unis, entre le sud de l'Alaska (climat océanique froid) et la baie de san-francisco, en Californie (climat tempéré chaud). Dans chaque région de cette aire de répartition plutôt montagneuse, il peut vivre dans des zones de plaine, ou dans des montagnes au climat plus froid.

Il fréquente les lacs et les étangs, ainsi que les rivières au cours lent.

L'animal a une peau plutôt rugueuse et granuleuse, d'où son nom. Comme chez tous les tritons ou presque, cette peau sécrète des toxines l'aidant à se défendre contre ses prédateurs. La toxine est assez puissante. Elle ne représente pas de risque sérieux tant qu'il n'y a pas d'ingestion, mais mieux vaut éviter de saisir l'animal à  main nue.

La couleur est noire ou brun-ocre sur le dessus du corps, de jaune à rouge sur le ventre et le dessous des pattes.

Quand il se sent agressé, Taricha granulosa relève sa tète et rabat sa queue vers la tête, par-dessus son dos. Il forme ainsi une sorte d'ovale ou la couleur orangée du dessous de sa queue et de sa gorge se voit particulièrement bien. Ce phénomène consistant à arborer des couleurs vives et à les montrer est particulièrement fréquent chez les batraciens. Loin de chercher le camouflage, il vise à se faire remarquer, liant ainsi toxicité de la peau et couleurs vives. Les batraciens les plus flamboyants sont souvent les plus toxiques, et les moins attaqués.

Les Américains appellent Taricha granulosa le triton de l'Oregon, du nom de l'état américain situé au nord de la Californie, ou triton à la peau rude (rough skinned newt).

Il existe 2 sous espèces : Taricha granulosa granulosa, la sous-espèce nominale, la plus fréquente en magasin, dont la couleur orangée du ventre est unie ou presque unie, et Taricha granulosa mazamae, lequel arbore des plaques foncées sur son ventre orange. Cette 2ième sous-espèce ne se trouve que dans la région du Parc National du Lac du Cratère, en Oregon du sud.

Taricha granulosa est très proche, même visuellement, de Taricha torosa, le triton de Californie. Celui-ci vit essentiellement en Californie, et supporte donc moins bien le froid que son cousin. Ses yeux sont un peu plus grand, son ventre est jaune à orange, et les paupières sont plus sombres. La confusion est donc très facile.
Les conditions de maintenance de Taricha torosa sont un peu différentes. Il faut rester dans le haut des gammes de températures indiquées ci-dessous, et la partie terrestre du terrarium n'est pas seulement souhaitable, elle est indispensable.

Le genre Taricha compte aussi une 3ième espèce, le triton à ventre rouge (Taricha rivularis), limité à une petite région aux confins de l'Oregon et de la Californie. La ressemblance avec les 2 autres espèces est grande, mais le ventre est plus rouge qu'orange.
Il est à noter que certains auteurs distinguent non pas 3, mais 5 espèces.

Taricha granulosa est un animal semi-aquatique. Certains individus sortent peu de l'eau, d'autres adoptent un habitat plutôt terrestre, mais jamais bien loin de l'eau.
Taricha torosa est plus terrestre.

Taricha granulosa peut faire 12 à 22 cm à l'age adulte (en aquaterrarium, il tend à être plutôt petit).

Les membres ont quatre doigts aux pattes de devant, et cinq aux pattes de derrière.

Terrarium

Il s'agit en fait d'un aqua-terrarium, voir à l'extrême d'un aquarium.

Vous pouvez adopter 3 organisations : les 2 plus orthodoxes consistent :

On peut aussi, mais cela est moins conseillé, maintenir les animaux dans un aquarium simple. Je maintien ainsi un Taricha depuis 4 ans avec des axolotls.

Quelle que soit l'organisation retenue, la partie aquatique doit être importante, et faire au moins un dizaine de cm de profondeur. Elle peut faire beaucoup plus sans problème.

L'animal n'étant pas très gros, un bac de 100 L peut sans problème contenir 3 ou 4 animaux.

La décoration peut-être à base de rochers (évitez les arêtes coupantes), de racines et de plantes d'aquarium.

Le substrat aquatique peut être en n'importe quel sable ou gravier aquariophile non coupant. Il sera surtout important pour les plantes. Celles-ci participent au maintien d'une eau de bonne qualité.
Je conseille de mettre 5 à 10 cm de sable de Loire au fond de l’eau (c'est un meilleur substrat pour les plantes que le quartz), et d’y placer des escargots mélanoïdes. Ce sont des escargots détritivores, qui aideront à garder le bac propre. On les trouve facilement dans les magasins d’aquariophilie.

Une filtration pas trop violente est souhaitable, pour épurer l'eau. Mais n'oubliez pas que ces animaux vivent dans des étangs, des lacs et des rivières avec très peu de courant. La filtration ne devra donc pas trop agiter l'eau.
Les changements d'eau réguliers (au strict minimum 25% toutes les 2 semaines, voir plus) sont indispensables.

On peut parfaitement maintenir des tritons avec de petits poissons d'eau froide (tanichtys,...).

Il y a 2 écoles pour le substrat de la partie terrestre (lequel est surtout important pour les plantes) :

Pour éviter que la terre soit détrempée (il y a toujours des débordements de la partie aquatique), il est conseillé de mettre un drain au fond de la partie terrestre, en dessous de la terre : 3 cm de gravier, de pouzzolane, ou mieux de billes d'argiles expansées (plus légères) feront l’affaire.

Certains conseillent de mettre de la terre de bruyère, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d’éventuels champignons. Je ne le fais pas, et je n’ai jamais eu de problème. Mais c’est une précaution qui ne coûte rien, sauf peut-être une mauvaise pousse des plantes (la terre de bruyère est très acide). On peut aussi envisager de n'en mettre qu'une couche superficielle (pour protéger contre les champignons), et de placer du vrai terreau en dessous (pour les plantes).

Je préfère nettement la méthode du substrat naturel, beaucoup plus esthétique, et qui ne m’a jamais posé de problème sanitaire.

Veillez à ce que la partie terrestre comme la partie aquatique soient riches en cachettes (plantes, terriers, racines, etc...). La possibilité de se cacher est essentielle pour le bien-être de ces animaux.

Un couvercle n'est pas strictement nécessaire. Un rebord est cependant plus prudent en cas d'ascension, même improbable.

Taricha granulosa tolère très bien ses congénères, sauf s'ils sont beaucoup plus petits : il n'hésite alors pas à les manger.

Eclairage

Les Taricha sont diurnes, et ont donc besoin de lumière. L'éclairage d'une fenêtre peut suffire, mais pour les plantes, un éclairage artificiel est généralement nécessaire.

Si les plantes ou l'esthétique comptent peu, on peut parfaitement ne pas éclairer.

Température

La température doit être fraîche.

Il existe sans doute des différences entre les souches de montagne et les souches de plaine, ou entre les souches alaskanes et les souches californiennes. On peut cependant  donner à titre indicatif une température de 15-22° l'été, et de 5-10° l'hiver (pendant au moins 3 mois). Pendant cette dernière période, il faut nettement moins nourrir.

Nourriture

Tout ce qui est carné et qui est à la taille de la bouche sera accepté : mouches, tebos, vers de farine, grillons, araignées, papillons, vers de terre, gamares, daphnies, têtards, escargots d'eau, morceaux de viande, morceaux de poisson, morceaux de crevettes, verres de vase, daphnies, ...

Les insectes peuvent se trouver dans son jardin (mieux vaut alors les laver s'il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasin de pêche.

Quand il chasse, Taricha granulosa peut projeter sa langue en avant sur une petite distance, pour capturer sa proie.

Le plus simple est la nourriture morte ou congelée. Les Taricha granulosa habitués à la nourriture vivante doivent d'abord être habitués aux nourritures inertes. Si on nourrit avec du congelé, et qu'on ne veut pas que la nourriture non consommée pourrisse dans un coin, on peut se fabriquer une grande pince (un long morceau de bois, avec une languette en plastique agrafée à un bout. Un bout de cette languette doit rester libre. C'est dessous qu'on coincera les morceaux de viande ou de poissons). On présente alors la nourriture, qui est rapidement consommée. On contrôle alors parfaitement l'alimentation.

Les jeunes têtards sont à nourrir 2 fois par jour. Les jeunes en croissance sont à nourrir tous les jours. A partir de 10 cm, on peut descendre à un fois tous les 3-4 jours. Une fois par semaine en période froide.

Reproduction

Les mâles et les femelles sont assez facile à sexer, du moins à partir de l'âge adulte. La femelle est très ronde, et son orifice cloacal est peu renflé. Le mâle est plus maigre, et son orifice cloacal est bordé de 2 grosses lèvres.

A la saison des amours, le mâle développe une peau plus lisse.

Le repos hivernal est indispensable pour la reproduction. Cela consiste en quelques semaines à diminuer la durée du jour, ainsi que la température, jusqu'à 9H d'éclairage par jour, pour une température à 5-10°. Au printemps, on remonte la durée d'éclairage jusqu'à 12-13 H pour une température de 15-22°, de nouveau en quelques semaines.
Les animaux de plaine se reproduisent plutôt au printemps, lorsque la température de l'eau augmente ainsi que la durée d'éclairage. Les animaux d'altitude se reproduisent plutôt l'été.
Il faut nourrir abondamment dès le printemps (pour la maturation et le grossissage des ovaires de la femelle, en particulier).

Pendant l'amplexus (qui se passe dans l'eau), le mâle monte sur la femelle, la saisie, et frotte son menton sur le nez de sa partenaire. Après la séparation, il se place devant la femelle et dépose un spermatophore sur le fond de l'aquarium. Le spermatophore est un petit amas gélatineux contenant le sperme. La femelle se place alors avec l'aide du mâle sur le spermatophore, et fait pénétrer celui-ci dans son cloaque. L'accouplement peut être suivi d'un nouvel amplexus de plusieurs heures, par lequel le mâle interdit à ses rivaux de s'accoupler à leur tour.

Les oeufs de 2mm sont déposés à l'unité sur des plantes ou des rochers, dans l'eau. Mieux vaut alors retirer les oeufs de l'eau et les placer dans un petit aquarium à part : les adultes pourraient manger les larves après l'éclosion.

Les larves qui éclosent après 4 à 10 semaines (selon la température de l'eau) sont porteuses d'un petit aileron sur chaque joue (pour Taricha granulosa comme pour T. torosa). Elles se métamorphosent en 4 mois. Dans les régions froides ou d'altitude, la transformation en adulte peut attendre l'année suivante.
La maturité sexuelle est acquise au cours de la 3ième ou de la 4ième année.

La nourriture des larves est une nourriture vivante de très petite taille : plancton de mare, nauplies d'artémia (voir leur élevage sur  la partie "nourritures vivantes" de la FAQ aquariophile).

Une solution simple trouvée dans la liste terrariophile pour les axolotls, mais sans doute valide aussi pour Taricha granulosa consisterait à placer un petit aquarium ou un seau à l'extérieur quelques semaine avant la naissance des têtards. Ce récipient doit contenir des plantes aquatiques, éventuellement un substrat. On peut l'ensemencer avec de l'eau d'une mare, mais ce n'est pas indispensable. Une micro-faune s'y développe. Les têtards à peine éclos sont placés dans ce bac, et y trouvent naturellement leur nourriture. Attention, plus ils grandissent, moins ils trouveront de la nourriture.

En grandissant, les têtards peuvent être nourris avec de la nourriture vivante plus grosse (daphnies, artémias grossis), voire avec de la nourriture congelée finement hachée (tubifex, viande, moules).

Maladies

Je n'ai pas d'info dans ce domaine. Voir cependant le chapitre plus général sur les maladies, et en particulier la partie sur les parasites.

Liens

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