PHYLLOMEDUSA SAUVAGII

Fiche de maintenance écrite par Christophe Cagé.

Phyllomedusa sauvagii
© 2003 Dr. Peter Weish - cliquez dessus pour agrandir
Phyllomedusa sauvagii
© 2003 Ismael E. di Tada - cliquez dessus pour agrandir
 

Les photos sur Google : P sauvagei - P sauvagii

Des photos sur le blog "mes batraciens" 1 - 2 - 3 - 4

Habitat Naturel

Phyllomedusa sauvagii (Boulanger, 1885) est une grosse rainette (membre de la famille des Hylidae, sous-famille des Phyllomedusinae, genre Phyllomedusa) originaire des forêts tempérées chaudes du sud-est de la Bolivie, de la plus grande partie du Paraguay, du sud du Brésil et du nord de l'Argentine.
Elle vit essentiellement dans les forêts relativement sèches de cette région. Ce n'est donc pas un animal d'Amazonie, et il n'apprécie pas une atmosphère trop humide.

Cette aptitude à la vie dans des milieux relativement secs a été poussée assez loin, puisqu'en cas de sécheresse, P sauvagii (qu'on trouve aussi sous le nom de P sauvagei) peut se couvrir d'une sécrétion de la peau ressemblant à de la cire, sécrétion qui réduit fortement la perte d'humidité à travers la peau. Cette sécrétion est étalée sur la peau par l'animal lui même, avec ses 4 pattes. 
L'animal peut aussi réduire fortement ses pertes de liquide par voie urinaire, en sécrétant une urine semi-solide.

Cette caractéristique explique le surnom anglo-saxon de P sauvagii : waxy frog (grenouille de cire). A noter que les Phylloméduses en générales sont appelées "monkey frog" (grenouilles singes) par les anglo-saxon, et qu'on trouve donc aussi notre grenouille sous le nom de "waxy monkey frog" ou "waxy monkey tree frog".

Comme la plupart des Hylidae, P sauvagii est nocturne. Ce n'est donc pas un des animaux les plus spectaculaire qui soit dans la journée (il y est souvent immobile), et il faut être conscient de ce fait avant de l'acheter.

Ce sont des animaux d'apparence calmes, relativement lents par rapport à d'autres grenouilles.

Dans le milieu naturel, on rencontre ces rainettes dans les arbres et les buissons. Elles descendent à terre ou dans l'eau surtout la nuit.

La couleur est verte, avec une ligne latérale blanche. P sauvagii arbore aussi des taches blanches sur le ventre.
Le museau est court, presque écrasé.
La taille peut atteindre un bonne dizaine de cm.
Les doigts sont longs et munis de ventouses pour grimper.

P sauvagii était encore inconnue en France il y a quelques années, mais on commence à la voir importer depuis 2002-2003.

Elle peut vivre une douzaine d'année en captivité.

Terrarium

P sauvagii étant un animal arboricole d'assez bonne taille, le terrarium doit avoir un volume minimum de 100 litres pour un couple (une quarantaine de litres par animal supplémentaire), et être plus haut (idéalement 60-70 cm de haut) que long. On peut parfaitement faire cohabiter un groupe de ces rainettes, à condition qu'elles aient la place nécessaire.

Le terrarium doit comprendre des plantes qui offriront des cachettes aux animaux. On peut utiliser diverses plantes tropicales, à conditions qu'elles soient solides : les P sauvagii ont un bon poids.
De ce point de vue, un grand terrarium est souhaitable, non seulement pour les animaux, mais aussi pour pouvoir y placer des plantes de plus grandes tailles, donc plus résistantes.
On peut aussi ajouter bon nombre de branches mortes en hauteur. En fait, pour des raisons de résistance au poids, la majorité des support d'escalade des grenouilles doivent être normalement en branches mortes.

Une partie aquatique est nécessaire, pour recueillir les têtards en période de reproduction, mais aussi les adultes, qui aiment prendre un petit bain de temps en temps.
Faites vous couper un pan de vitre de la largeur de votre bac, et de 10-15 cm de haut. Collez le en travers de l'aquarium avec de la colle au silicone. Attendez 5 à 7 jours que les joints soient secs. Vous pouvez "habiller" la séparation avec une plaque d'ardoise (découpée aux bonnes dimensions à la scie), ce qui est plus esthétique.
La partie aquatique peut alors être remplie d'eau. Une filtration n'est pas indispensable si vous changez l'eau de temps en temps. Ne dépassez pas 25% du total de la surface du terrarium.

Je conseille de mettre du sable de Loire au fond de l'eau, et d'y placer des escargots mélanoïdes. Ce sont des escargots détritivores, qui aideront à garder le bac propre. On les trouve facilement dans les magasins d'aquariophilie.

Il y a 2 écoles pour le substrat de la partie terrestre :

Pour éviter que la terre soit détrempée (il y a toujours des débordements de la partie aquatique), il est conseillé de mettre un drain au fond de la partie terrestre, en dessous de la terre : 3 cm de gravier, de pouzzolane ou de billes d'argiles expansées (plus légères, disponibles en jardineries) feront l'affaire.

Certains conseillent de mettre de la terre de bruyère ou de la tourbe, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d'éventuels champignons. Je ne le fais pas, et je n'ai jamais eu de problème. Mais c'est une précaution qui ne coûte rien, sauf peut-être une mauvaise pousse des plantes (la terre de bruyère est très acide). On peut aussi envisager de n'en mettre qu'une couche superficielle (pour protéger contre les champignons), et de placer du vrai terreau en dessous (pour les plantes).

Je préfère nettement la méthode du substrat naturel, beaucoup plus esthétique, et qui ne m'a jamais posé de problème sanitaire.
Une partie des plantes doivent surplomber l'eau, pour la reproduction (voir ci-dessous).

Le couvercle du terrarium doit être  grillagé. En effet, P sauvagii n'aime pas l'humidité de l'air. Celle-ci doit osciller entre 40 et 60%, ce qui est assez bas. Il faut donc une très bonne aération, sinon la zone aquatique rendra toujours tout humide. Un bon système consiste à couper 4 tasseaux de 3 ou 4 cm de section, et de les coller à la colle à bois aux dimensions du bac. Il ne reste plus qu'à tendre ce cadre avec un grillage à petits trous. Les grenouilles, qui sont bonnes grimpeuses, ne pourront s'échapper. Mais le terrarium respirera, et l'air restera relativement sec.
Le cadre peut reposer directement sur les parois de verre, ou mieux sur des renforts latéraux collés à l'intérieur, tout autour du bac.

Pour cet animal il faut vraiment un appareil pour mesurer l'humidité : trop d'humidité peut-être mortel à terme.
Mais le fait que P sauvagii n'aime pas l'humidité et qu'il puisse s'adapter à des sécheresses temporaires ne signifie nullement qu'il en a un besoin impératif. Il ne n'est donc pas nécessaire de descendre en-dessous de 40% d'humidité, ni même de maintenir ce niveau en permanence. Restez entre 40 et 60% d'humidité relative.

ATTENTION AUX EVASIONS, les grenouilles en sont des spécialistes. Ne laissez pas le terrarium ouvert, ou même entrouvert.

Eclairage

Les P sauvagii sont des grenouilles essentiellement nocturnes. Un éclairage est cependant indispensable, pour les animaux comme pour les plantes.

Pour les grenouilles, un tube spécialisé à synthèse de vitamines (avec des UV, donc) semble moins important que pour des reptiles. Mais cette grenouille aimerait particulièrement les UV (non démontré scientifiquement, à ma connaissance).

Vous pouvez donc soit utiliser des tubes néons "daylight" classiques du commerce (sans UV), soit un tube spécial terrariophile (type reptisun) avec UV (on déconseil en général de dépasser les 2.0, mais certains utilisent des 5.0 pour cette grenouille).

Un éclairage uniforme de 10 H /J semble suffisant.

Température

P sauvagii est un animal qui vit dans des forêts sèches ou la température peut atteindre 35°. Cela ne signifie pas qu'il faut maintenir une telle température en permanence, mais simplement que cette grenouille apprécie particulièrement la chaleur.

La température diurne doit être maintenue entre 25 et 30°, avec un point chaud aux alentour de 32-38°.

Information de croc, qui en maintien : 

"Mon point chaud est à plus de 38° et il n'est pas rare que les grenouilles soient juste dessous".

Le point chaud peut-être atteint assez facilement en mettant une ampoule chauffante terrariophile (ou plus simplement une petite ampoule classique à incandescence) dans un coin élevé du terrarium, avec des branches pas trop loin. Les grenouilles qui veulent de la chaleur peuvent donc s'approcher de la lampe, et s'en éloigner si elles ont trop chaud.
Cette lampe est une source de chaleur autant que de lumière, et normalement elle sera complétée par des tubes fluo.
La lampe doit être protégée par un grillage, pour éviter qu'un animal ne vienne se brûler en se collant contre.

La température nocturne doit descendre de 4-5 degrés par rapport à la température moyenne du terrarium (pas de celle du point chaud).

Ce type de terrarium, très haut et très ventilé, n'est pas toujours facile à chauffer. Un câble dans le sol ne sera sans doute pas suffisant. 
La lampe chauffante placée en haut est un bon complément dans la journée, mais ne fonctionne pas la nuit (sauf lampes infra-rouges éventuelles, mais coûteuses).
On peut éventuellement coller un câble chauffant sur les cotés du terrarium (à l'extérieur, et en le recouvrant ensuite avec un isolant type polystyrène).
Mais il ne faudra en tout état de cause pas boucher les aérations : elles gênent le chauffage, mais elles sont indispensables.

Nourriture

Tout ce qui bouge et qui est à la taille de la bouche sera accepté : mouches, tebos, vers de farine, grillons, araignées, papillons, vers de terre,....
Les insectes peuvent se trouver dans le jardin (mieux vaut alors les laver si il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasin de pêche.
On peut aussi élever ces petites bêtes (voire la partie "nourritures vivantes").
Attention aux abus d'animaux trop chitineux (la chitine est la carapace des insectes), comme les cloportes ou les vers de farine. La chitine n'est pas très bien digérée.

Une variété maximale est idéale pour éviter les carences. Le meilleur équilibre serait trouvé avec des sauterelles, grillons et vers de terre.

On peut aussi essayer de nourrir des animaux habitués à leur soigneur avec de la nourriture morte décongelée : crevettes, poissons, viande de bœuf,... La nourriture est alors présentée au bout des doigts ou d'une pince à épiler. Après des débuts laborieux, beaucoup d'espèces, dont les P sauvagii (merci à croc pour l'information), s'y font vite et bien. N'oubliez pas que ces animaux mangent surtout le soir.

Il faut nourrir 2 ou 4 fois par semaine les adultes, et en bonne quantité compte tenue de la taille des animaux. Tous les jours pour des jeunes en croissance.

Les animaux descendent la nuit sur le sol pour chasser, même si certains (mais pas tous) peuvent éventuellement manger dans la  journée.

Evitez l'obésité. Observer vos animaux, et nourrissez les en fonction de leur apparence.

Beaucoup d'éleveurs mettent un peu de complément vitaminé sur la nourriture. D'autres estiment que cela fait plus de mal que de bien, contrairement à ce qu'il faut faire pour les reptiles. Disons que des doses de vitamines modérées, tous les 15 jours, ne devraient pas faire de mal.

Reproduction

Phyllomedusa sauvagii
Têtard - © 2003 Dr. Peter Weish - cliquez dessus pour agrandir
Phyllomedusa sauvagii
Juvénile - © 2003 Dr. Peter Weish - cliquez dessus pour agrandir
 

La reproduction en captivité est encore mal documentée, mais ce qui est rapporté est conforme à la reproduction d'autre Phyllomedusinae :

- Dans la nature, la reproduction est déclenchée par une augmentation des pluies, à partir d'octobre. En terrarium, cela signifie en octobre pulvériser 2 ou 3 fois par jour, voir mettre en place une chambre des pluies (pour en savoir plus sur une chambre des pluies, voir une description sur l'article concernant les Agalychnis).
Si vos animaux sont nés en captivité, respecter le mois d'octobre comme date de début des pluies est sans doute moins important.

- Il faut également une forte augmentation des nourrissages, afin de permettre la maturation des masses ovariennes des femelles. De fait, les femelles sont normalement plus grosses que les mâles. A la saison des amours, ceux-ci développent un gros point noir sur la face intérieure du pouce.

- Après un amplexus, la femelle va pondre un masse d'œufs gélatineux sur une feuille (souvent roulée en cornet par l'animal pour protéger les œufs contre la dessication), au dessus de l'eau. Les feuilles doivent être assez grandes. Scindapsus aureus (voir l'article sur les plantes) est bien adaptée à cet usage.

- Il faut pulvériser 1 à 3 fois par jour les œufs pour leur éviter de sécher.

- Quand les têtards éclosent, ils tombent directement dans l'eau. Mieux vaut rapidement les placer dans un petit aquarium à part, dont l'eau doit être à la même température que celle de leur bassin d'origine (au moins 25°).

- Après résorption définitive du vittelus, les têtards doivent manger abondement. Les paillettes pour poissons exotiques (avec une part animal, et une autre végétale) semblent convenir.

- L'eau doit rester assez propre, et il convient de la renouveler à 50% 1 ou 2 fois par semaine (avec de l'eau à la même température et ayant reposée depuis 24H pour perdre son chlore éventuel).

- Quand les pattes de devant apparaissent, il faut transférer les têtards dans un aquaterrarium ou les jeunes grenouilles pourront facilement sortir de l'eau (sous peine de noyade). La transformation prend de 40 à 70 jours selon la température de l'eau et l'abondance de nourriture.

- On nourris les jeunes grenouilles tout les jours et en abondance, avec des petites proies : micro-grillons, collemboles, drosophiles,... dont il aura fallut préparer l'élevage depuis quelques temps. 
La seconde photo du présent chapitre montre un jeune à peine métamorphosé (ont voit encore un bout de queue), avec la couleur orange de l'intérieur des membre qui disparaîtra avec l'age.

Maladies

Je n'ai pas d'info dans ce domaine. Voir cependant le chapitre plus général sur les maladies, et en particulier la partie sur les parasites.

Liens

Retour à la 1er page

Plus de sécurité, plus de fonctionnalités, Firefox est LE meilleur navigateur Web. Téléchargez le !
Firefox, le navigateur de confiance

Contrat Creative Commons
Ce texte est mis à disposition sous un contrat Creative Commons (Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0). Les photos ne sont pas libres de droits.

XHTML 1.0 valide !